Emotions: pourquoi doit-on les accepter ?

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Les émotions… vaste sujet !

Nous entendons souvent qu’il faut apprendre à gérer ses émotions, les contrôler, les maîtriser.  Certaines personnes vont même jusqu’à les nier ou les refouler, comme si ressentir ou exprimer ses émotions était quelque chose de mal… Pourquoi ces croyances et pourquoi vaut-il mieux, au contraire, ACCEPTER ET EXPRIMER nos émotions pour un bon équilibre psychologique et physique ?

Les croyances limitantes à propos des émotions.

Que les choses soient claires, toutes nos croyances limitantes à propos des émotions proviennent de notre éducation.

La naissance et les premières années. 

Lorsque nous naissons, nous pleurons, c’est le premier réflexe du nouveau-né.
Lorsque un nourrisson a faim, il pleure ou crie.
Lorsqu’un bébé a peur ou qu’il est triste, ou tout simplement lorsqu’on ne répond pas à ses besoins, il le manifeste par des pleurs, des cris ou de la colère.
Personne ne lui dit qu’il ne devrait pas exprimer ses émotions, et il n’a que ce langage pour exprimer ce qu’il ressent.

L’apprentissage du langage

Avec l’apprentissage du langage, on commence alors à lui inculquer qu’il peut s’exprimer différemment, qu’il n’est pas obligé de pleurer ou de crier pour manifester ce qu’il souhaite. Et jusque là, rien de répréhensible. L’être humain est doté du langage, autant qu’il s’en serve à bon escient.

Ce qui devient problématique, c’est lorsqu’on ne lui permet plus de s’exprimer, que ce soit par les pleurs, les cris et même le langage ! Ce sont ces petites choses insidieuses, en apparence anodines, qui vont finalement forger nos croyances limitantes et nous empêcher d’exprimer nos émotions.

Quelles sont ces croyances ? 

Chez les garçons:  « un homme, ça ne pleure pas ». Combien de pères (et même parfois de mères) ont mis ça dans le crâne de leur fils ?  Pourquoi un homme se doit de ne pas pleurer ? Qui a décidé d’une idiotie pareille ? C’est typiquement le genre de phrase qui me met en colère !
Un garçon, un futur homme, ne devrait donc pas, selon certains parents, montrer sa sensibilité. Ça serait perçu comme un signe de faiblesse… Même chose pour la peur: la peur est considérée comme un signe de faiblesse chez l’homme.
L’homme, selon ces croyances d’un autre temps, se doit d’être fort, viril, sans peur et sans tristesse. Désolée mais nous ne sommes plus aux temps de l’Homme des cavernes… un homme a le droit de pleurer, ou d’avoir peur, tout autant qu’une femme. Ça ne fera pas de lui une mauviette ou une fillette !
Chez les filles: dans le même schéma que précédemment, on considère bien souvent que la fille a « le droit » d’être plus émotive que le sexe opposé. Quelle chance dites donc !
Nous, les femmes, aurions donc le droit de pleurer ou d’avoir peur. Sauf que… pas trop quand même ! Sinon on nous considère comme « trop émotive » si nous avons le malheur de pleurer devant un film ou de nous émouvoir devant les catastrophes qui passent au journal télévisé…
Nous pouvons alors être victimes de moqueries de la part de notre entourage: « tu es trop sensible », « tu pleures pour un rien », « ça y est, tu chiales encore… ». Je peux vous assurer qu’à la longue, ce genre de remarques, c’est lourd, très lourd à porter.
Unisexe: Hourra, voilà une émotion devant laquelle nous sommes tous égaux, hommes et femmes:  la colère.
Alors là, la colère est très mal perçue ! Que vous soyez un homme ou une femme, la colère est « l’émotion négative » par excellence. Par conséquent, elle ne doit surtout pas se manifester ni s’exprimer. Ravalez votre salive, allez faire un tour, allez vous calmer, et ça passera ! Mais bien sûr…
Pour avoir ressenti beaucoup de colère dans ma vie, je peux vous assurer que ça ne passe pas tant que ça n’est pas sorti ! Au contraire, ça s’accumule, ça monte en pression, et le jour où la soupape explose, vous n’êtes plus en colère, vous êtes… hystérique !
Contenez une colère et elle finira TOUJOURS par s’exprimer de manière violente un jour ou l’autre. Au contraire, si vous exprimez votre colère au moment où vous la ressentez, vous pouvez parfaitement réussir à modérer votre langage, à dire ce que vous avez sur le cœur avec fermeté mais sans violence.
Je reviendrai sur cette émotion dans un prochain article. Car la colère est une émotion très mal comprise et interprétée à tort comme le signe d’un mauvais caractère, alors qu’il n’en est rien.

Toutes ces croyances proviennent de ce que l’on a pu entendre étant petits, non seulement de nos parents, mais aussi de nos professeurs, de notre entourage, de la société. Et une fois adultes, ça ne s’arrête pas ! Vous aurez toujours des personnes « bien intentionnées » qui vous rappelleront à l’ordre lorsque vous exprimerez vos émotions, parce qu’elles-mêmes ne les expriment pas et estiment que c’est ce comportement qui est « normal ».

Toutes ces personnes nous poussent inconsciemment à refouler nos émotions. Nous savons qu’elles sont là mais nous nous interdisons de les ressentir pleinement, de les accepter et de les exprimer.

L’identification à ses émotions

Lorsque l’être humain n’est plus en proie aux croyances limitantes et qu’il écoute ses émotions, son erreur est de s’identifier à ces dernières.

Nous ne sommes pas nos émotions, nous les ressentons. Nous devons apprendre à nous en détacher, à les observer, à les comprendre, pour mieux les apprivoiser. Notre identité ne se résume pas aux émotions que nous ressentons ou exprimons.

Une personne n’est pas colérique, elle ressent de la colère. Une autre n’est pas stressée de nature, elle ressent du stress.  Une autre encore n’est pas une personne triste, elle ressent de la tristesse.

Personne n’est colérique, peureux, stressé ou triste, ce n’est pas un état de fait, ce n’est pas dans nos gênes. Ce sont des émotions ressenties face à des situations extérieures; par conséquent, elles ne nous définissent pas en tant qu’individus.
Si l’une de ces émotions est ressentie plus souvent que les autres, elle ne nous définit pas plus que les autres, elle doit simplement être écoutée davantage afin de nous permettre de comprendre pourquoi nous la ressentons aussi fréquemment.

Raison ou émotions: trouver le juste équilibre.

Les émotions sont là pour nous transmettre un message. Certes on ne doit pas se laisser submerger par elles, mais on ne doit pas chercher à les contrôler ou à les nier non plus. Et c’est souvent ce que la raison cherche à faire, plutôt que d’accueillir ces émotions pour nous permettre de comprendre leur message.

Les deux aspects de notre être, émotionnel et rationnel, doivent être connectés l’un à l’autre sans rapport de force.
Lorsque la raison est plus forte, cela a pour conséquence de couper les individus de leurs émotions. Ils ne veulent pas entendre ce qu’elles ont à leur dire, ils refoulent ou nient ce qu’ils ressentent.
A contrario, lorsque les émotions sont trop fortes, lorsqu’elles nous submergent et que nous ne réussissons pas à les apprivoiser,  nous sommes des personnes très émotives, hypersensibles et souvent en souffrance…

Un juste équilibre entre raison et émotions est la meilleure solution.

La méditation comme outil pour trouver l’équilibre

Le juste équilibre peut être trouvé par la méditation.
J’étais excessivement émotive et je me laissais submerger par mes émotions en permanence jusqu’à ce que je découvre la méditation.
En méditant, c’est l’esprit qui régule nos émotions: on apprend à les accueillir, à comprendre ce qu’elles cherchent à nous dire. L’esprit permet de les analyser.
Que l’on soit trop émotif ou trop cérébral, la méditation permet de trouver l’équilibre: une personne cérébrale s’ouvrira alors à ses émotions, tandis qu’une personne émotive apprendra à raisonner davantage.

« Je ne veux pas être à la merci de mes émotions. Je veux en user, les rendre agréables et les dominer. » Oscar Wilde

Ces personnes coupées de leurs émotions: l’alexithymie

L’alexithymie est l’incapacité d’exprimer ses émotions par des mots. Cela concerne 15 à 20% de la population et peut s’avérer être parfois un véritable trouble psychiatrique.

Il faut savoir qu’une émotion naît dans le corps avant d’être analysée par le cerveau: accélération du rythme cardiaque, sensation de boule au ventre, apparition de sueur, larmes, sont autant de manifestations physiques de nos émotions, que nous analysons ensuite grâce à notre cerveau qui met alors des mots sur ces ressentis.
Chez les personnes alexithymiques, la connexion entre le corps et le cerveau ne s’effectue pas ou très mal.

L’alexithymie est plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, et même si elle peut être causée par des troubles psychiatriques ou un choc psychologique, bien souvent elle est la conséquence d’une éducation trop rigide, comme j’en ai parlé en début d’article.

La personne victime d’alexithymie évite la confrontation avec ses émotions, sa raison domine entièrement son être afin d’échapper à tout type de conflit interne. Les relations aux autres peuvent également être problématiques car cette personne est non seulement incapable de mettre des mots sur ses émotions, mais également sur les émotions des autres.

Les personnes alexithymiques ont très peu de facultés d’introspection, ce qui rend les thérapies difficiles. Le travail sur ces personnes consiste alors à leur fournir le langage qui leur fait défaut en l’associant aux ressentis physiques qu’ils peuvent exprimer.

Émotions et maladies

Toute personne ayant du mal à exprimer ses émotions n’est pas forcément alexithymique. Toutefois, lorsque nous ne sommes pas à l’écoute de nos émotions, lorsque nous les nions ou les refoulons, nous empêchons notre corps et notre esprit d’évacuer ce qui les encombre. Car une émotion non-acceptée et refoulée est source d’encombrement pour notre corps comme pour notre cerveau.
Elle est comme un petit enfant qui vous tire sur le vêtement pour que vous l’écoutiez, et qui ne s’arrêtera pas tant que vous ne l’écoutez pas. Ça vous parle ?

Imaginez donc cette émotion qui vous dit « Hé ho, je suis là, tu me vois ? Tu m’entends ? ». Ignorez-la et elle va revenir vous hanter jusqu’à ce que vous la regardiez et l’écoutiez. Parfois elle s’endormira quelques temps, mais finira toujours par se réveiller.
Si vous persistez à l’ignorer, elle se manifestera alors sous une autre forme, et c’est là que la maladie intervient.

Toutes les maladies ? 

Attention, je ne dis pas que TOUTES les maladies sont dues à des émotions que vous n’écoutez pas.  Et bien entendu, je ne vous conseillerai pas de ne vous préoccuper que de vos émotions si vous devez suivre un traitement médical.  MAIS il faut savoir que vous soignez parfois une maladie qui n’est en réalité que le symptôme physique d’une émotion qui n’a pas été prise en compte.  Vous pourrez soigner le symptôme aussi longtemps que vous voudrez, si vous ne vous occupez pas de la cause (l’émotion), vous ferez face à une maladie récurrente.

Il serait trop long d’énumérer ici toutes les maladies potentielles dues à nos émotions refoulées, cela fera l’objet d’un autre article ultérieurement. Sachez d’ores et déjà que vos émotions, si elles ne s’expriment pas, se transforment en maux. Parlez, écrivez, exprimez vos émotions sous toutes les formes possibles: dessin, peinture, sculpture, poterie, danse, peu importe… tant que ces pratiques vous permettent d’extérioriser vos émotions.

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Accepter et exprimer ses émotions

Que vous ressentiez de la tristesse, de la peur, de la colère, de la déception, de la frustration, toute émotion doit s’exprimer si vous ne voulez pas qu’elle se transforme en maux. Refouler ses émotions, les nier, les combattre, sont autant de facteurs de stress et de douleurs physiques et psychologiques.
Aucune émotion n’est négative, elle EST, elle existe pour vous parler, pour vous apprendre quelque chose sur vous-mêmes. Acceptez-la, écoutez-la, comprenez-la et exprimez-la, dans le respect de vous-mêmes et des autres.

Vouloir échapper à nos émotions est impossible. La seule façon que nous avons pour qu’elles s’atténuent, c’est de s’autoriser à les vivre pleinement jusqu’à ce quelles s’épuisent.

A lire aussi: équilibrer les émotions négatives par Eckhart Tolle

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Anne-Sophie, alias Coaching RenEssence.

Comments (4)

  • Cathy06/11/2018 at 20:57 Répondre

    Cet article « me parle » beaucoup parce que j’ai un réel problème avec les émotions, la tristesse, la nostalgie, la colère… au point que je ne peux plus hausser le ton ni la ressentir sans étouffer, sans avoir des palpitations et des malaises, alors je dirais qu’en effet, il faut les laisser sortir au moment où on les ressent si possible, ou tant au moins, au plus vite pour ne pas qu’elles vous étouffent, vous encombrent, vous laissent démunis…
    Je mets cet article de côté, j’y reviendrai.
    Merci beaucoup Anne-Sophie.

    • coaching-renessence06/11/2018 at 21:09 Répondre

      C’est un article qui va parler à beaucoup de monde je crois… malheureusement on n’est pas livré avec le mode d’emploi pour savoir quoi faire de nos émotions. Et on s’en remet souvent à ce que nos parents ou notre entourage nous a enseigné alors que ce ne sont pas les meilleurs conseils… mais par chance il y a aujourd’hui beaucoup d’études sur le sujet et des « recettes » pour savoir comment faire à nos émotions et ne surtout pas les refouler. Car en effet ça a des répercussions sérieuses sur la santé lorsqu’elles sont refoulées… 😕
      L’article ne bougera pas, revenez-y autant que nécessaire ! Merci à vous 🙏

  • Valérie Tahiri06/11/2018 at 21:23 Répondre

    Mes émotions se voient tout de suite. Mon regard en dit long sur ce que je ressens ou pense. Dans ce cas quand ça ne va pas je m’isole et besoin de calme ou si trop énervée cigarettes je prends l’air. Je respire et me dis que je suis forte face à ça. Mais se lâcher ça fait un bien fou. Je ne cache pas mes émotions au contraire.

    • coaching-renessence06/11/2018 at 22:14 Répondre

      S’isoler ou prendre l’air n’est pas forcément le meilleur moyen d’exprimer ses émotions 😉 C’est plutôt rechercher à les maîtriser, à moins que ça ne soit pour y faire face et comprendre le message qu’elles veulent faire passer… mais déjà de ne pas les refouler et les montrer est un premier bon pas !

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