Chacun d’entre nous est amené un jour ou l’autre à se confronter au deuil, au sens large du terme. Car même si notre première pensée va vers la perte d’un être cher, le deuil se rapporte également à la fin d’une relation, d’une situation, d’une époque de notre vie.
Quelle que soit la situation à laquelle nous aurons à faire face, le processus de deuil sera le même.
SE FAIRE AIDER POUR SURMONTER LE DEUIL
Faire appel à un thérapeute ou un coach lorsque nous traversons cette période douloureuse peut s’avérer très utile. Bon nombre de personnes y ont d’ailleurs recours afin de surmonter cette épreuve, tout comme moi après la fin de ma relation de couple en 2016 et le deuil de mon papa en 2017.
C’est à la suite de ces événements que ma vocation de coach s’est révélée… comme quoi, il est possible de transformer des épreuves difficiles en tremplin pour aller de l’avant.
ACCEPTER L’INÉVITABLE
La toute première chose à accepter, c’est que le deuil est inévitable, quel qu’il soit. La perte d’un proche, la fin d’une relation, la fin d’une situation ou d’une époque font partie intégrante de la vie… Lorsque nous refusons d’accepter l’inévitable, nous entretenons de la souffrance, et cela avant même que la situation se produise.
La mort fait partie de la vie, même si elle nous parait injuste dans bien des cas: perdre un enfant est une épreuve terrible car cela va à l’encontre de l’ordre naturel des choses, et c’est sans nul doute le deuil le plus difficile à surmonter. Pourtant, avons-nous bien le choix ?
Nous devons accepter, étape par étape, que plus rien ne sera comme avant. Que nous ayons perdu un parent ou un enfant, que nous ayons subi la fin d’une relation, d’une situation ou d’une période de notre vie, c’est notre refus d’accepter ce qui EST ou ce qui SERA qui cause notre souffrance en tout premier lieu.
Il est, par conséquent, déjà nécessaire d’accepter que nous ne pouvons y échapper.
LE PROCESSUS DE DEUIL
Il faut savoir que le processus de deuil se décompose en plusieurs étapes et qu’il est NORMAL de vivre ces étapes. Il est donc inutile de vous juger ou de vous auto-flageller d’avoir à traverser ces différentes phases du deuil.
En revanche, il est utile de connaître ces étapes afin de pouvoir se situer dans le processus et de comprendre qu’une étape n’est qu’une période dans votre parcours de guérison. Vous n’allez pas y rester indéfiniment.
Le processus de deuil se décompose en 7 étapes, plus ou moins longues selon chaque individu.
Ces sept étapes sont linéaires, mais il arrive parfois que nous ayons besoin de revenir en arrière afin de vivre pleinement une étape que nous avons « bâclée » inconsciemment. Tant que chaque étape n’a pas été vécue pleinement, nous ne parviendrons pas à atteindre la fin du parcours qui est la sérénité.
C’est pourquoi il est utile de pouvoir se situer dans notre processus de deuil, pour comprendre où nous en sommes et ce que nous avons peut-être « oublié » de vivre en cours de route.
Les 7 étapes
- Le choc.
C’est une phase très courte correspondant à l’annonce du décès, de la rupture, du licenciement. Nous sommes alors dans une sorte de sidération qui nous laisse sans émotions. Cette phase ne dure en général pas plus de quelques minutes. - Le déni.
Cette étape est plus ou moins longue selon les individus. Nous refusons de croire à l’information qui vient de nous être transmise. Nous tentons parfois d’argumenter et de contester, intérieurement ou en dialoguant avec la personne nous informant de la nouvelle et/ou la personne concernée.
L’étape du déni peut se prolonger longtemps, comme dans le cas de personnes qui refusent de se séparer d’objets ayant appartenu à la personne qui les a quittées (physiquement ou lors d’une rupture). Elles se raccrochent alors au passé par tous les moyens. - La colère (et le marchandage)
Une fois le déni passé, nous nous confrontons à la réalité des faits et à l’impossibilité d’un retour en arrière, ce qui engendre une certaine colère, envers soi ou envers les autres. Nous nous emportons ou, au contraire, nous nous enfermons dans un grand mutisme.
Nous passons alors par de nombreuses émotions: reproches (envers soi ou les autres), remords, ressentiments, dégoût, pulsions de vengeance que nous ne comprenons pas toujours nous-mêmes.
Le marchandage, lui, consiste à promettre à l’autre, à Dieu, à l’Univers, de ne plus faire les mêmes choses pour que la situation originelle puisse revenir. - La tristesse
La tristesse une étape marquée par un grand sentiment de solitude pouvant parfois aller jusqu’à la dépression. On parle aussi de « deuil préparatoire »: c’est l’étape qui permet de nous préparer à la suite du processus.
C’est une forme d’acceptation de l’attachement émotionnel. Il est normal de ressentir de la tristesse, du regret, de la peur, de l’incertitude.
C’est l’étape qui nous montre que nous commençons à accepter la réalité. - La résignation
C’est l’étape où nous abandonnons cette lutte au cours de laquelle nous avons tout essayé pour revenir à la situation antérieure.
Cette étape varie nettement en fonction du deuil auquel nous faisons face. Mais globalement c’est une indication qu’il y a un certain détachement affectif et une meilleure objectivité.
Cependant, ce n’est pas encore l’acceptation complète et positive. - L’acceptation
Lors de cette étape, nous acceptons la perte (de l’être cher, du conjoint qui nous a quittés ou de l’emploi). En acceptant la situation, nous sommes alors capables de garder les bons moments comme les moins bons.
Nous reprenons confiance en nous et en l’avenir, nous nous sentons mieux.
L’acceptation est ce moment où nous prenons la décision de vivre avec la réalité, et où nous émergeons lentement de ce processus. - La reconstruction
L’acceptation n’est pas l’aboutissement du processus de deuil.
Il est nécessaire de se reconstruire progressivement. Nous apprenons alors à nous réorganiser pour faire face à cette nouvelle vie sans l’autre.
Se reconstruire amène aussi à mieux se connaître, à découvrir ses ressources personnelles et à « renaître » en quelque sorte. Notre sentiment de vulnérabilité fait place à une nouvelle énergie qui nous permet d’atteindre la sérénité.
Si vous vivez actuellement un deuil, quel qu’il soit, ou si vous voulez vous préparer à l’inévitable, vous pouvez tenter de vous situer dans ce processus ou enregistrer cet article dans vos favoris afin d’y revenir plus tard.
S’AUTORISER ET ACCEPTER TOUTES LES ÉMOTIONS
Le processus de deuil est essentiel pour reprendre goût à la vie. Par conséquent, ne cherchez pas à l’éviter ou à le fuir. Au contraire, acceptez de le vivre pleinement, même si cela semble trop douloureux.
C’est en vivant pleinement vos émotions, en les laissant vous traverser, que vous leur permettrez d’être évacuées et de ne pas rester en vous trop longtemps. Il ne faut pas chercher à masquer son chagrin ou à étouffer sa douleur.
Aller mieux n’est pas oublier
Je remarque également que pour certaines personnes, « faire le deuil » s’apparente à oublier ou à s’autoriser à aller mieux. Elles culpabilisent tellement à cette idée qu’elles entretiennent leur chagrin, pensant qu’elles n’ont pas le droit d’être à nouveau heureuses.
Le travail de deuil n’aboutit pas à l’oubli, bien au contraire : il garantit le non-oubli. En acceptant de vivre le processus et en vous autorisant à aller mieux, vous créez les conditions pour accueillir l’être disparu définitivement en vous, en ce lieu intérieur que plus rien ne pourra remettre en question, par-delà les années.
Demandez-vous également ce que souhaiterait l’être cher disparu ? Voudrait-il vous voir au fond du trou ?
S’il s’agit d’une rupture ou de la perte d’un emploi, croyez-vous que le fait de rester dans votre douleur vous apportera un nouvel amour ou un nouvel emploi ?
De plus, dans ce cas, votre ex ou votre ancien employeur n’en a rien à faire que vous alliez bien ou mal. C’est vous-mêmes que vous punissez…
S’autoriser toutes les émotions sans jugement
Autorisez-vous à aller mieux, et pour cela, autorisez-vous d’abord à aller mal. C’est en vous autorisant toutes les émotions liées au deuil que vous vous autoriserez ensuite à vous réinvestir dans la vie.
Acceptez également le fait que l’être disparu ou la fin d’une relation ne vous constitue pas. Vous n’êtes pas l’autre, vous n’êtes pas lié à son destin, vous êtes une personne entière, vous l’avez toujours été et vous le serez encore. Le lien que vous aviez avec cette personne s’est juste transformé, il n’est pas mort avec l’être cher ou avec la mort de la relation. Vous n’êtes pas mort avec l’autre, même si vous avez le sentiment qu’une partie de vous est morte avec cette personne.
Chaque deuil est singulier, chacun traverse le processus à son rythme et à sa manière. Ne vous jugez pas de prendre plus ou moins de temps que votre entourage. Ne vous jugez pas de remonter la pente puis de rechuter. Ne vous estimez pas anormal(e).
Si vous vous sentez perdus, demandez de l’aide, à une association, à un thérapeute, à un coach. Vous ne devez pas avoir honte d’oser demander une aide extérieure. Toutes ces personnes sont là pour répondre à vos questions autant que pour écouter sans jugement.
Tout le processus de deuil est une question d’acceptation:
- accepter la douleur et vivre toute la palette d’émotions qui s’ensuit.
- accepter d’être vulnérable, de ressentir un sentiment d’insécurité, et de ne pas pouvoir tout maîtriser.
- accepter que le processus de deuil est une transition vers la guérison, et non un état dans lequel nous devons rester.
- accepter les attentions, l’aide, l’écoute, que ce soit de notre entourage ou d’un professionnel.
- accepter de ne pas être en mesure de donner comme à notre habitude, que ce soit de notre temps, de notre énergie, de notre amour.
- accepter de donner un sens à l’épreuve et y puiser des forces nouvelles.
Accepter ne signifie pas être satisfait ou heureux de la situation, c’est reconnaître ce qui est.
J’ai personnellement beaucoup utilisé cette citation de Bouddha, comme un mantra que je me répétais régulièrement, pour m’aider à accepter:
« Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était, et aie confiance en ce qui sera ».
C’est une phrase qui m’accompagne encore aujourd’hui, dans le deuil mais aussi pour de nombreuses situations du quotidien. Elle permet de lâcher prise, de ne pas chercher à tout maîtriser, de ne pas lutter contre la réalité et d’atténuer la souffrance.
Accepter la réalité de la perte, aimer d’une manière nouvelle sans renoncer à la vie, c’est accepter que la vie est plus forte que la mort.
QUELQUES OUTILS POUR VOUS AIDER
Pour ce dernier chapitre sur le deuil, je vais vous donner quelques outils qui pourront vous aider sur le chemin de la guérison. Ce sont des choses qui peuvent paraître évidentes pour certains, mais elles ne le sont pas pour tout le monde.
Nous l’avons vu précédemment, il est essentiel d’accepter toutes les émotions qui découlent du processus de deuil et de s’autoriser à les vivre pleinement.
Mais concrètement, comment faire quand on n’est pas habitué à les laisser s’exprimer ? Comment peut-on s’en sortir quand on a du mal à demander de l’aide à un professionnel ?
Vous pouvez utiliser toutes sortes de supports pour exprimer vos émotions:
- ce peut être l’écriture. Tenir un journal (pas obligatoirement au quotidien mais régulièrement) peut être une excellente alternative si vous n’aimez pas vous confier à quelqu’un. Cela reste entre vous… et vous. Mais le fait de coucher vos émotions sur papier ou dans un document numérique les fait sortir de vous. Ainsi, vous les évacuez sans avoir à vous confier à qui que ce soit.
- vous aimez dessiner ou peindre ? Exprimez vos émotions par votre art. Même si vos dessins ou toiles sont très « noires », vous ne comptez pas les exposer, elles sont pour vous et elles vous libèrent.
- je ne le dirai jamais assez: la méditation est un remède à tout ! Méditez. Non seulement cela vous permet de vous recentrer sur d’autres pensées que celles liées au deuil, mais même si ce sont ces pensées qui vous traversent l’esprit, la méditation peut être un parfait déclencheur de sanglots retenus trop longtemps.
En méditant, vous accueillez vos émotions refoulées. En les accueillant, vous les laissez s’exprimer.
Vous ne savez pas comment faire ? Petite méditation guidée de mon mentor Jonathan Lehmann en lien avec le deuil, que j’ai moi-même utilisée.
- je m’adresse ici tout particulièrement aux hommes: lâchez cette croyance limitante que si vous pleurez, vous allez perdre votre virilité…
L’être humain a été doté de glandes lacrymales, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Elles sont faites pour être utilisées. Vous avez envie de pleurer ? Faites-le ! N’attendez pas de vous retrouver seul pour lâcher prise, n’attendez pas de pouvoir vous cacher comme s’il était honteux de pleurer.
Vos émotions doivent s’exprimer AU MOMENT où elles se présentent, pas dans une heure, pas demain, pas après les avoir retenues.
- si la sensation de perte est omniprésente et qu’elle vous mine le moral, remplacez vos pensées négatives par des souvenirs heureux avec l’être cher. Faites-le revivre dans votre mémoire, vous vous surprendrez peut-être à esquisser un sourire. Lorsque vous souriez, vous envoyez un message positif à votre cerveau et votre moral s’en ressentira immédiatement.
- ressentez de la gratitude pour toutes les choses positives que vous avez vécues ou ressenties avec l’être disparu, pour tout ce qu’il vous a apporté. Remerciez la Vie de l’avoir connu, d’avoir partagé toutes ces années auprès de lui.
Après la citation de Bouddha, une autre phrase qui m’a beaucoup aidée et m’aide toujours, c’est celle-ci:
« Ne pleure pas celle que tu as perdue, mais réjouis-toi de l’avoir connue ».
Cette phrase, prononcée par Jean-Louis Trintignant lors des funérailles de sa fille Marie, représente à elle seule la gratitude et atténue le chagrin. Utilisez-la comme un mantra, répétez-la aussi souvent que nécessaire. Affichez-la si besoin pour la lire régulièrement, tout comme la citation de Bouddha.
LA LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL
Pour terminer, je citerai une dernière phrase:
« Au fond d’un trou ou d’un puits, il arrive qu’on aperçoive les étoiles » – Aristote
Le processus de deuil est un tunnel, parfois long, mais au bout duquel vous verrez toujours la lumière. Gardez foi en vous et en la vie. Vous avez des ressources insoupçonnées qui ne demandent qu’à être révélées.
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Anne-Sophie, alias Coaching RenEssence.
Cet article a été écrit suite au décès de ma maman survenu le 21 mai 2019, comme une forme d'auto-thérapie... Je le dédie à ma famille. Je t'aime Maman... 💕